Favori de la présidentielle, José « Pepe » Mujica a gagné sans surprise au second tour du scrutin, dimanche. Le chef de file du Frente Amplio (Front élargi), regroupant toute la gauche, a totalisé plus de 53 % des suffrages, dix points de plus que son rival, l’ancien président libéral du Parti national, Luis Alberto Lacalle. « Pepe » Mujica va succéder au très populaire Tabaré Vazquez. Le premier président de gauche du pays, élu voilà cinq ans, est « notre meilleure publicité », a reconnu Mujica. Il a promis de « poursuivre son programme » : investissements publics, redistribution des richesses, et maintien du nouvel impôt progressif qui a financé des programmes sociaux (éducation, santé) et qui a eu un réel impact sur la diminution du chômage et de la pauvreté.
José Mujica, soixante-quatorze ans, ex-guérillero des Tupamaros, emprisonné durant quinze ans sous la dictature militaire des années 1970-1980, a été cofondateur du MPP (Mouvement de participation populaire), qui deviendra la principale composante du Frente Amplio. Député puis sénateur et enfin président du Congrès uruguayen, il sera nommé en 2005 ministre de l’Agriculture, secteur clé de l’économie du pays.
Mujica a affirmé qu’il travaillerait à unifier l’Amérique latine, rappelant que « gagner le scrutin ne signifie pas détenir la vérité absolue », et qu’il ferait appel « aux meilleurs hommes de tous les partis ». Il s’est approprié la stratégie du président brésilien, Lula, pour attirer une partie de l’électorat conservateur. Ses fonctions, jusqu’ici, ne lui ont pas fait abandonner une vie simple dans une petite ferme de la campagne près de Montevideo, ce qui lui vaut la sympathie et le soutien des plus démunis. Fort d’une majorité du Frente Amplio dans les deux chambres, le nouveau président prendra ses fonctions le 1er mars prochain.