Roquettes sur un marché afghan : C'est bon signe, selon l'armée française

Le général commandant les forces françaises dans l’est de l’Afghanistan a estimé mardi que les insurgés en sont réduits à des "méthodes désespérées", au lendemain de tirs de roquette qui ont tué dix civils afghans près d’une base française.

Deux roquettes sont tombées lundi dans le marché au bétail de Tagab, dans la province de Kapisa, à 30 m d’un poste avancé de l’armée française, faisant 10 morts et 28 blessés parmi la population civile selon un bilan de la police afghane.

"La réaction de l’adversaire est une réaction que j’interprète positivement. On mène des actions qui leur nuisent tellement qu’ils ont recours à des méthodes désespérées, quitte à provoquer des victimes civiles", a déclaré à la presse le général Marcel Druart.

L’officier, qui participait à une choura, une réunion avec des notables locaux, dans un bâtiment situé à 400 m du marché au moment de l’attaque, pense que c’est la base française de Tagab qui était visé.

"On a déjà eu des tirs sur la FOB (Forward operating base, base avancée, ndlr) qui est effectivement à proximité du village. Logiquement je pense que cela visait notre position", a-t-il jugé après avoir rencontré des blessés afghans soignés à l’hôpital militaire de l’aéroport de Kaboul.

"Les blessés sont sous le choc, ils n’ont pas compris ce qu’il se passait. Les familles sont abattues et en colère. Il y a un sentiment d’injustice. Le fait que l’on était en plein dialogue avec les autorités locales, civiles, cela a été choquant pour la population", a poursuivi le général Druart.

"Quand on est en choura, normalement, il y a une espèce d’immunité qui se créé et la sécurité se fait toute seule. Là, non seulement on a tapé sur la population civile, mais aussi sur le symbole du conseil coutumier", a-t-il souligné.

Un berger dont le fils a été grièvement blessé dans l’explosion, Shamshir Khan, avait auparavant dénoncé la trop grande proximité de la base française avec le marché de Tagab.

"Nous n’étions pas visés. Nous étions seulement trop proches de l’entrée de la base militaire étrangère. Nous ne sommes que des pauvres gens. Nous ne pouvons pas combattre les étrangers et nous ne pouvons pas combattre les insurgés. Mais nous sommes pris en étau au milieu d’eux", a-t-il déploré.

Quelque 3.750 militaires français opèrent sur ou au profit du "théâtre des opérations" afghan, dont près de 3.400 en Afghanistan même.

Depuis le 1er novembre, la plupart des forces françaises, soit 2.500 hommes, ont été regroupées sous commandement américain au sein de la "Task Force Lafayette", dans la province de Kapisa et le district de Surobi, à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Kaboul.

Ces forces sont appuyées par des unités logistiques, onze hélicoptères basés à Kaboul ainsi que des détachements aériens déployés sur les bases de la coalition, à Bagram et Kandahar.